Interview. Il n’y en a que pour Brooks. Partenaire majeur du semi-marathon de Barcelone (Espagne), l’équipementier sportif américain a mis les petites foulées dans les grandes pour célébrer son tout premier partenariat avec un événement de course à pied grand public. A l’occasion de l’épreuve organisée ce dimanche 11 février 2024 en Catalogne, la marque a réuni une centaine de journalistes et autant de revendeurs issus du monde entier pour exposer sa stratégie de marque. SportBusiness.Club était sur la ligne de départ.
Comment résumer la stratégie de Brooks ?
Jorge Salvans, directeur Brooks Europe du Sud : « Notre stratégie est limpide : fournir les meilleurs équipements aux coureurs. Nous sommes une marque spécialisée dans le running et le trail. Nous nous concentrons là-dessus car nous croyons en la puissance de cet univers. La course à pied peut changer votre journée et votre vie ».
Comment exister dans un univers autant concurrentiel ?
J.S. : « Notre force c’est notre focalisation sur la course à pied. C’est une niche mais c’est grâce à cette stratégie que nous pouvons survivre face aux marques concurrentes. Il y a dix ans, Brooks fournissait des équipements pour diverses sports. C’était trop difficile. Désormais nous arrivons à tirer notre épingle du jeu car nous cherchons à fournir le meilleur des équipements. Nous sommes également perçus comme une marque authentique. C’est une consécration et la preuve que notre stratégie fonctionne ».
Quel est votre regard sur le marché français ?
J.S. : « Brooks est une marque puissante et installée aux Etats-Unis. Elle bénéficie d’une part de marché importante et d’une notoriété certaine. En Europe, la marque est neuve. Elle est arrivée il y a cinq ou six ans sur le marché. L’objectif est désormais de porter tous les efforts du groupe sur l’Europe. Le marché est énorme particulièrement en France qui est un pays prioritaire dans notre stratégie. Selon plusieurs études il y aurait plus de 10 millions de coureurs à travers l’Hexagone. Nous avons d’ailleurs lancé une campagne télévisée en France, chose qu’en Europe nous n’avons fait qu’au Royaume-Uni et en Allemagne ».
Concrètement, qu’est ce que cela représente en chiffre ?
J.S. : « En 2023, les revenus ont atteint les 20 millions d’euros en France. Nous avons doublé les chiffres en l’espace de deux ans. Nous avons de grandes ambitions sur les années à venir ».
La pandémie a-t-elle finalement été une aubaine pour Brooks ?
J.S. : « Absolument. Globalement, le marché a profité de cette crise sanitaire. Le cyclisme a pu se targuer d’un effet similaire. Néanmoins, aujourd’hui la situation est très difficile pour leur écosystème. De notre côté, le marché de la course à pied est extrêmement solide et devrait sans aucun doute poursuivre sa croissance. Un simple exemple pour appuyer mes dires : 28 000 personnes participent au semi-marathon de Barcelone. 40% d’entre-elles ont entre 18 et 34 ans. La jeune génération est très enthousiaste vis à vis du running et du trail. Ces données sont une formidable nouvelle pour l’avenir ».
Brooks n’avait jamais sponsorisé d’événements sportifs avant 2024. Est-ce un nouvel axe de développement pour la marque ?
J.S. : « C’est en effet une nouvelle stratégie. Elle débute en 2024 à travers ce partenariat avec le semi-marathon de Barcelone. Il s’agit d’un contrat de deux ans. Cette stratégie pourrait s’amplifier dans plusieurs villes européennes dans les années à venir. Pour être transparent, l’idée serait de s’associer à un autre semi-marathon européen en 2025, puis à un autre en 2026 ».
Pourquoi avoir choisi Barcelone ?
J.S. : « Barcelone nous semblait être la ville parfaite pour commencer notre aventure dans le sponsoring. C’est une épreuve à la dimension internationale : 40% des participants au semi-marathon viennent de l’étranger. C’est également une ville parfaitement proportionnée. Elle n’est pas trop grande comme Paris ou Milan. La météo est favorable à la pratique sportive. Ensuite au delà de la localisation, c’est la distance qui nous a semblé pertinente. Un semi-marathon c’est 21 kilomètres. C’est une épreuve inclusive et accessible pour les coureurs. Tout le monde peut le faire. C’est en parfait adéquation avec notre stratégie. Un marathon c’est une autre paire de manches. C’est difficile à terminer, il faut être très préparé ».
Quel est le coût de cette stratégie ?
J.S. : « Sponsoriser des épreuves grand public coûte en effet beaucoup d’argent. Je peux seulement vous dire que c’est un très gros effort pour Brooks ».
Entretien : Titouan Laurent, à Barcelone (Espagne)
© SportBusiness.Club Février 2024
