RSE. Partant du constat que les scientifiques peinent à se faire entendre sur les enjeux climatiques, tandis que les sportifs bénéficient d’une large visibilité, la wingfoileuse Flora Artzner a lancé l’initiative “Athletes for Science”. Ce collectif, soutenu par le ministère des Sports et la Fédération Française de Voile (FFVoile), rassemble une cinquantaine d’athlètes, principalement issus de disciplines outdoor, pour relayer les messages des chercheurs.
À l’occasion du sommet de l’ONU sur les océans à Nice (Alpes-Maritimes), le projet a été officiellement présenté jeudi 12 juin 2025. Anne Dos Santos, secrétaire générale et vice-présidente en charge de la RSO à la FFVoile, y a détaillé l’engagement de la fédération. Consciente des impacts du changement climatique sur les infrastructures nautiques, elle défend une transition des pratiques et une meilleure collaboration entre acteurs du sport et de la science.
Pourquoi la Fédération Française de Voile soutient-elle Athletes for Science ?
Anne Dos Santos : « En 2021-2022, un rapport de WWF France avait démontré qu’à cause du changement climatique, près de la moitié de nos bases nautiques et infrastructures portuaires seraient impactées par la montée des eaux et l’érosion des littoraux. Cela risque de bouleverser notre manière de pratiquer. En tant que dirigeants fédéraux, nous avons la responsabilité d’anticiper et d’agir. »
Quelles actions menez-vous ?
A.D-S. : « La FFVoile vient de publier sa politique RSO. Nous élaborons un plan d’action assorti d’une feuille de route visant à réduire l’impact sociétal et environnemental de notre sport. Ce travail sera finalisé d’ici la fin de l’année, ce qui nous permettra de présenter des actions concrètes.»
Lors de la présentation, vous avez évoqué la possibilité de “renoncer à certaines pratiques”. À quoi faisiez-vous référence ?
A.D-S. : « Ce n’est pas encore très défini. Mais on voit apparaître des zones d’exclusion pour les cétacés : des périmètres interdits aux navigateurs. Certaines courses au départ de New York (États-Unis) imposaient déjà des réductions de vitesse pour éviter les collisions mortelles. Ce sont des contraintes difficiles à faire accepter aux sportifs, car la compétition implique la vitesse. Certains formats de course ou bateaux ne sont peut-être plus compatibles avec la préservation du vivant. »
Travaillez-vous avec d’autres fédérations ?
A.D-S. : « Nous échangeons avec d’autres fédérations nautiques, mais sans cadre formel. Justement, cette initiative permet de fédérer des athlètes venus de différentes disciplines. »
Est-ce plus simple de sensibiliser les fédérations de sports outdoor ?
A.D-S. : « Évidemment, car nous partageons les mêmes enjeux. Comme le rappelait Jean-Baptiste Bosson, glaciologue et géomorphologue, nous considérons souvent les milieux naturels comme des terrains de jeu, en oubliant qu’ils sont avant tout vivants et fragiles. L’implication du ministère pourrait favoriser l’élargissement à d’autres fédérations. »
Interview : Killian Tanguy, correspondant à Nice (Alpes-Maritimes)
© SportBusiness.Club – Juin 2025