17 mars 2024

Temps de lecture : 2 min

“La Fièvre”: du foot à la guerre civile

Éric Benzekri aime la politique et le football. Auteur de la série Baron Noir, une plongée dans les arcanes des pouvoirs politiques français, le scénariste récidive sur Canal+ avec La Fièvre (dès lundi 18 mars sur Canal+), une fiction sociétale très contemporaine au scénario particulièrement interpellant et dont le support de narration est l’univers du foot pro. L’histoire débute aux Trophées UNFP. La soirée paillettes et strass se transforme en drame quand le joueur vedette de Ligue 1, sous les objectifs des caméras, assène un coup de tête à son entraineur et le traite de “sale toubab” (“sale blanc”).

A partir de cet incident tout s’emballe. Les réseaux sociaux, les influenceurs en tout genre, les politiques extrémistes s’emparent de l’altercation, la commente et l’affaire prend rapidement un débat national passionné. Les communicants et “Spin Doctors” rappelés à la rescousse par un président de club dépassé, n’empêcheront pas l’emballement incontrôlé dont l’aboutissement pourrait être une guerre civile, une menace que beaucoup agitent comme un mouchoir. Le football aura été le déclencheur de cette frénésie ingérable.

“La Fièvre est une radioscopie de la France d’aujourd’hui ; on y entre par l’arène du football, suivant le destin d’un joueur devenant malgré lui l’objet d’une guerre identitaire, résume Canal+. Très vite, la série pousse d’autres portes (de la communication de crise aux cercles militants, en passant par la politique, les médias traditionnels et la société du spectacle”.

Susciter le débat

« J’ai voulu aller frontalement dans ce qui m’animait dans l’état de ce pays, explique Éric Benzekri. Or, pour moi, le collectif devrait être toujours plus fort que n’importe quoi d’autre. C’est une somme de choix individuels qui fait que l’on va dans le bon sens. La fiction, c’est aussi peut-être montrer le réel. Je ne suis pas un oracle : j’essaie d’humer l’époque et de parler de ce qui existe. Ce qui m’intéresse c’est susciter un débat ».

Et pour Éric Benzekri, qui a passé deux ans à écrire le scénario de La Fièvre, le football serait une “ligne de fond” dans notre société. Le meilleur point de départ pour un thriller sociétal contemporain. Une observation partagée par Ziad Doueiri, réalisateur de la série. « J’aime le foot et je consacre une demi-heure quotidienne à lire L’Equipe, indique-t-il. Cela parle aussi de la société. La période black-blanc-beur de 1998 c’était il y a 25 ans. Depuis, il y a eu une petite évolution sur le caractère rassembleur de la Nation. Cela donne une lecture que l’on peut avoir sur la Société ».

Dans le scénario de La Fièvre, le football n’est finalement qu’un prétexte à l’embrasement de la société française. Il s’agit d’une “porte d’entrée populaire”, une “recette” d’auteur pour attirer le plus grand nombre. Au fil des épisodes le ballon rond s’efface, mais il aura été l’élément déclencheur. Après Baron Noir, Eric Benzekri confirme donc dans ce genre audiovisuel qu’est la série fictionnelle politique. Toutefois, avant d’être reconnu comme un de ceux ayant ouvert cette voie, il affirme que sa plus grande satisfaction serait déjà de « voir gagner le Paris Saint-Germain remporter la Ligue des Champions ». Ah, le foot…

Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Mars 2024

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