Le 10e Vendée Globe touche à sa fin, mais depuis plusieurs semaines les skippers s’activent en coulisses pour être en novembre 2028 au départ de la prochaine édition de la course autour du monde dans les meilleures conditions. Vainqueur il y a quatre ans de l’épreuve, Yannick Bestaven, après un Everest des mers courageusement terminé hors course cette année, a reçu une mauvaise nouvelle vendredi 21 février 2025 : son sponsor depuis 2018, Maître Coq, a officialisé la fin de leur aventure.
« Je comprends bien la fin de ce partenariat (…) Ce ne sont pas toujours des décisions simples à prendre mais il faut avancer,» reconnait Yannick Bestaven qui souhaite préparer un jeune skipper à partir sur le tour du monde en 2028. Encore soutenu financièrement par Maître Coq jusqu’à fin 2025 et la Transat Café L’Or (ex-Transat Jacques Vabre) en novembre prochain, Le navigateur de La Rochelle, co-propriétaire de son voilier à foils et, a désormais quelques mois devant lui pour trouver un nouveau sponsor afin de se consacrer à l’encadrement.
« C’est sûr que c’est assez précaire et un peu effrayant si tu n’y es pas préparé,» explique Maxime Sorel. Le marin mayennais lui avait appris juste avant le départ que ses trois principaux sponsors arrêtaient. Le navigateur a dû abandonner le Vendée Globe cette année après quelques jours de course en raison d’une grave blessure à une cheville. Depuis, il se débat à terre pour renouer des partenariats. « Mais c’est aussi une partie gestion que j’aime bien. Il faut essayer d’ouvrir des portes, on rentre en contact avec pas mal de gens,» précise-t-il.
Une période d’incertitudes
Yannick Bestaven et Maxime Sorel ne sont pas les seuls à jouer les VRP pour décrocher de nouveaux partenaires. C’est le cas aussi pour Franck Cammas. L’un des plus grands marins français de l’histoire, vainqueur des plus grandes courses (Solitaire du Figaro, Volvo Ocean Race, Route du Rhum, Transat Jacques-Vabre…), a annoncé, début 2025, vouloir prendre part au prochain Vendée Globe, course qui manque à son palmarès. Il discuterait avec plusieurs partenaires potentiels.
Cette situation est toutefois loin d’être inédite. Historiquement, la période post-Vendée Globe est toujours un moment de grandes incertitudes pour une partie de la flotte. Depuis quelques années, une partie des sponsors accompagne un skipper sur une période de quatre ans, avec en point d’orgue le tour du monde en solitaire, graal des courses au large autant au niveau sportif que médiatique.
Deux projets ambitieux lancés
Une fois le contrat arrivé à échéance, le choix du sponsor de repartir pour un nouveau cycle ou d’arrêter est décidé en fonction des résultats sportifs, des retombées médias ou par rapport à un objectif donné, mais cela dépend aussi de la santé économique de l’entreprise, d’un changement de stratégie marketing… ou de l’arrivée d’une nouvelle direction. Un projet en monocoque IMOCA à foils compétitif coûte plusieurs millions d’euros par an, si on y intègre le coût de construction du navire.
Aujourd’hui, deux projets ambitieux ont déjà été lancés. Celui de la navigatrice Elodie Bonafous, dont le bateau porté par son sponsor Horizon 29 a été mis à l’eau mardi 18 février, s’agit du sistership de l’Imoca Macif, une copie du monocoque de Charlie Dalin, vainqueur du Vendée Globe. Par ailleurs, le groupe Banque Populaire, absent de la dernière course autour du monde, a prévu de construire un voilier flambant neuf pour le confier à un jeune skipper en 2027.
Les marins savent que l’année 2025 sera très importante. Plus les engagements sont pris tôt, mieux sera la préparation pour le bateau, le navigateur et son équipe technique. Même les deux premiers du Vendée Globe cette année, Charlie Dalin et Yoann Richomme, ont temporisé à l’arrivée lorsqu’ils étaient interrogés sur leur avenir. Le troisième, Sébastien Simon, a été un peu plus chanceux. À la veille de passer la ligne, il a reçu un SMS du patron de Groupe Dubreuil pour lui signaler qu’ils continueraient ensemble.
Bruno Fraioli (Avec AFP)
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