10 octobre 2024

Temps de lecture : 3 min

Les frères Lebrun symboles du boom du ping

C’est un agréable été indien que vit Cornilleau. Depuis les Jeux de Paris 2024, le fabricant français de tables de tennis de table a vu ses ventes augmenter de 50 à 70% en volume par rapport à la même période en 2023. « Notre activité est historiquement très forte entre avril et juillet, explique Basile Brière, responsable de la communication. En revanche, septembre est d’habitude un mois très calme. Or, nous avons vendu près de 3 000 tables supplémentaires cette année. Les Jeux avec les résultats des Français et la météo sont autant de facteurs pouvant expliquer ces chiffres qui nous ont surpris. Mais nous avons su réagir ».

Dans les enseignes de grande distribution, l’effervescence s’est également fait ressentir. Pendant les Jeux de Paris 2024, Carrefour a enregistré une hausse historique des ventes de raquettes de tennis de table… de 548%. Contacté par SportBusiness.Club, Decathlon confirme cette tendance. « Une accélération des ventes, en particulier sur les produits nécessaires à la pratique du tennis de table a été constatée depuis les Jeux olympiques de Paris 2024 » assure le groupe français de distribution d’articles de sport.

Des clubs submergés

Porté par la popularité et le talent des frères Lebrun, le tennis de table français a incontestablement le vent en poupe. Les effets sont particulièrement tangibles dans les clubs. A Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), le club local accueille en moyenne sept nouveaux adhérents par an. En septembre 2024, ce sont 70 nouvelles têtes qui se sont présentées au club ! Au niveau national, le nombre de licenciés a augmenté de 25% pour passer de 200 000 en septembre 2023 à près de 220 000 en septembre 2024 indique la Fédération Française de Tennis de Table (FFTT).

« L’engouement autour de la discipline est sans précédent, c’est complétement fou, se réjouit Gilles Erb, président de la FFTT. Cela ne résulte pas que de ce qui s’est passé durant les Jeux de Paris 2024. C’est la conséquence des très bons résultats sportifs de nos pongistes ces derniers mois, mais aussi du bon travail fédéral. Ceci étant dit, évidemment que la popularité d’Alexis et Félix Lebrun est un booster de notoriété pour le tennis de table. On s’était préparé à un afflux de nouveaux pratiquants et de licenciés mais nous n’avions pas anticipé une vague de cette ampleur ».

L’impasse marketing

Face à cette dynamique, la problématique du manque d’installation sportive refait surface. « De nombreux clubs sont dépassés, concède Gilles Erb. Il y a des difficultés. Nous payons les carences d’infrastructures sportives. Cela ne pourra pas se résoudre en quelques semaines. L’objectif est d’avoir plus de créneaux dans les gymnases mais nous entrons là en concurrence avec le basket-ball, le handball et le volley-ball. Nous faisons au mieux ».

Pourtant, en prévision de ce potentiel afflux de pratiquants à l’issue des Jeux de Paris 2024, la Fédération Française de Tennis de Table avait planché sur un plan d’accueil. Elle avait même distribué tout l’excédent financier de l’exercice 2023 aux clubs. L’objectif était de les aider à recruter de nouveaux éducateurs, favoriser la formation et acheter du matériel neuf. La fédération avait également misé sur l’implantation de 500 tables en extérieur pour désengorger les salles. Des initiatives qui se révèlent pour l’heure insuffisantes pour répondre à l’engouement.

Malgré ces difficultés, l’instance sportive se porte bien, notamment sur le plan économique. Avec un budget historiquement haut de 8,4 millions d’euros en 2024, contre 5,1 en 2020, la FFTT vise désormais la barre des 10 millions d’euros afin de professionnaliser le siège fédéral et offrir de nouveaux services aux clubs. Seule ombre au tableau et pas des moindres : le manque d’attractivité marketing et de revenus issus de contrat de sponsoring.

Un calendrier sportif attractif

« C’est un gros point noir car c’est en-deçà de nos espérances, regrette Gilles Erb. Je lance un appel à toutes les entreprises. Je sais que le marché a changé et qu’elles ont davantage de mal à se tourner vers les fédérations mais nous ne baisserons pas les bras. Nous essayons de cibler des secteurs d’activité populaires comme les enseignes de grande distribution, les constructeurs automobiles, les professionnels du tourisme, les banques et assurances. C’est un enjeu important car notre ambition est ralentie par notre budget ».

Accompagnée par l’agence Havas Play pour ces volets commerciaux, la FFTT espère que le calendrier sportif à venir sera un atout. La France va organiser trois tournois mondiaux “WTT Championship” consécutifs en 2024, 2025 et 2026. En parallèle, la fédération travaillerait ardemment sur l’obtention des droits d’organisation des mondiaux de tennis de table 2027. « Avec cette stratégie événementielle, nous essayons de maintenir l’image du tennis de table, explique Gilles Erb. Nous avons ainsi davantage de choses à vendre et l’opportunité de générer plus de revenus ». Le dossier est sur la table en tout cas.

Titouan Laurent
© SportBusiness.Club Octobre 2024

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