18 janvier 2024

Temps de lecture : 4 min

Les JOJ, le laboratoire du CIO

Six ans après PyeongChang 2018, la 23e édition des Jeux d’hiver, le mouvement olympique est de retour en Corée-du-Sud. Mais cette fois c’est dans sa version “jeune”. Les “JOJ”, ou Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver, débutent ce vendredi 19 janvier 2024 à Gangwon, située justement dans le district de territorial de PyeongChang. Réservé aux athlètes de 15 à 18 ans, cet événement est organisé tous les quatre ans. S’il est beaucoup plus modeste que son ainé, les J.O., il est construit sur le même modèle. C’est le terrain d’expérience du Comité International Olympique (CIO).

Cette 4e édition des JOJ d’hiver, qui se tient jusqu’au 1er février prochain, affiche un budget de 45 millions de dollars US (41,5 millions d’euros). C’est à peine 0,5% de celui des Jeux de Paris 2024 cet été qui, lui, se monte à près de 9 milliards d’euros. Plus réduits, à taille plus humaine et à l’ambiance plus familiale, ces Jeux réutiliseront les installations construites en 2018 pour les Jeux de PyeongChang. Economie oblige.

Officiellement, les JOJ ont été créés pour inciter les jeunes à s’adonner au sport et adopter les valeurs olympiques, de fraternité et de paix. Cela n’a pas empêché lors de chaque édition les organisateurs à proposer au monde sportif un certain nombre d’innovations. De nombreuses ont fait ensuite leur apparition après coup aux Jeux, les plus grands. Disparu, le rugby est revenue dans le giron olympique via les JOJ d’été à Singapour en 2010. Ce fut dans une version à 7 désormais officiellement intégrée au programme des Jeux. Le basket 3X3 est aussi arrivé en 2010 aux JOJ. En 2021, la discipline urbaine et jeune a fait son apparition à Tokyo. Elle sera présente à Paris cet été, sur le playground de la Place de la Concorde.

Le breaking a séduit aux JOJ

Dès 2014 et la deuxième édition des JOJ d’été, à Nankin (Chine), le CIO a mis en place un “labo des sports” permettant aux spectateurs de découvrir de nouveaux sports : escalade, skateboard, roller et même wushu, un art martial chinois. Autant de tests pour le CIO. Escalade et skateboard ont figuré ensuite au programme des JOJ d’été de Buenos Aires (Argentine) en 2018, puis sont passés en classe supérieure en intégrant le programme des JO de Tokyo 2020 et Paris 2024. Examen réussi.

En 2018, les Jeux de Buenos Aires ont beaucoup inspiré les dirigeants de Paris 2024. Il faut dire qu’en Argentine, le président du CIO, Thomas Bach, a montré beaucoup d’enthousiasme. Ce fut le cas pour le breaking dont l’impact auprès du jeune public urbain a été très remarqué et apprécié. La discipline sera ensuite proposée par Paris et aussitôt retenue au programme officiel des Jeux de 2024, comme l’escalade, le surf et le skateboard.

Les JOJ ont aussi montré qu’ils étaient un formidable terrain d’expérimentation pour l’événementiel. Il est indéniable que la cérémonie d’ouverture organisée en plein centre ville de Buenos Aires avec un défilé des athlètes au milieu de la population a inspiré les têtes pensantes de Paris 2024 pour son concept de cérémonie “hors stade” avec un défilé des délégations d’athlètes installées sur des embarcations naviguant sur la Seine au cœur de la capitale.

Les JOJ d’hiver ont également offert leur lot de nouveautés au fil des éditions. La plus spectaculaire est sans doute l’arrivée du ski-alpinisme (on grimpe un raidillon de neige en ski de randonnée avant de descendre un slalom géant en adaptant les fixations des chaussures) lors de l’édition 2020 à Lausanne (Suisse). Cette discipline figurera en 2026 au programme des Jeux, ceux des grands, de Milan-Cortina (Italie) et de ceux de 2030, certainement dans les Alpes françaises. Curieusement le ski-alpinisme est absent à Gangwon 2024. Prémonitoire pour la suite ?

De nouvelles nations hôtes

En Corée, un autre abandon est à noter : celui des tournois mixtes avec des équipes composées d’athlètes de pays différents. L’idée, intéressante, fut testée en 2020 au hockey-sur-glace et au curling. Il faut penser qu’il a finalement été difficile de lutter contre l’aspect nationaliste des Jeux. Le mono-bob, autrement dit le bobsleigh en solo, est une autre innovation adoptée aux JOJ d’hiver. Cette discipline est beaucoup plus simple à organiser pour de petites nations manquant de pratiquants et de matériel. Elle a intégrée le programme olympique à Pékin en 2022 dans sa version féminine.

Mais cette année, les nouveautés aux JOJ de Gangwon 2024 seront beaucoup moins nombreuses que lors des dernières éditions. Quelques épreuves mixtes supplémentaires, en combiné nordique et patinage de vitesse, feront leur apparition. Tout comme l’épreuve de bosses en parallèle, avant que cette épreuve n’entre au programme des Jeux de 2026 en Italie .Toutefois, la cérémonie d’ouverture osera ce vendredi 19 janvier, une petite innovation : elle se tiendra simultanément sur deux sites. Ce sera d’un côté l’ovale de Gangneung et de l’autre le PyeongChang Dome. Un double événement qui mêlerait réel et virtuel.

Plus globalement, l’aspect innovant des JOJ se traduit aussi par le choix des territoires hôtes. L’événement plus modeste permet au CIO de choisir de nouveaux pays et villes. L’édition suivante, celle d’été en 2026, se tiendra au Sénégal, à Dakar. Reportés de 4 ans en raison de la crise du Covid-19, ces Jeux représentent un véritable enjeu géopolitique dans la mesure où ce sera la première compétition olympique officielle jamais organisée sur le territoire africain.

Dans 2 ans, le CIO fera de l’événement un test majeur dans sa quête d’universalité. Ces Jeux seront, une nouvelle fois, l’occasion de présenter un nombre important de nouvelles disciplines, et elles sont très nombreuses à frapper à la porte de l’olympisme. Ce sera le cas du wushu, de la danse sportive, du futsal, de l’aviron de mer (retenu aux Jeux de Los Angeles 2028), de la lutte de plage ou du baseball à 5 (également présent à LA 2028). Pour se faire une idée, rendez-vous est pris au Sénégal du 31 octobre au 13 novembre 2026. Cette fois, ce sera au soleil.

Bruno Cuaz
© SportBusiness.Club Janvier 2024

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