C’est une grande première : les Championnats du monde de cyclisme s’installent en Afrique, à Kigali (Rwanda). Plus d’un siècle après leur création, l’Union cycliste internationale (UCI) a ouvert dimanche 21 septembre 2025 son rendez-vous planétaire au dernier continent encore inédit. David Lappartient, président de l’UCI, avait fait de cette organisation une promesse de campagne en 2017. L’instance mise sur une ferveur populaire exceptionnelle avec plus d’un million de spectateurs attendus. Sur le plan sportif, Tadej Pogacar défendra son titre face à Remco Evenepoel, Tom Pidcock ou encore Ben Healy. Chez les femmes, Pauline Ferrand-Prévot visera un cinquième maillot arc-en-ciel sur route.
Pour Kigali, ces Mondiaux sont bien plus qu’un événement sportif. Le pays, déjà reconnu pour son Tour du Rwanda, veut démontrer sa capacité à organiser des compétitions majeures. Cette stratégie s’inscrit dans une politique d’image portée par une marque, “Visit Rwanda”, visible sur les maillots d’Arsenal et du PSG. Après la Ligue africaine de basket, parrainée par la FIBA et la NBA, Kigali confirme ses ambitions avec le cyclisme et rêve même d’accueillir un Grand Prix de Formule 1. Ces Mondiaux sont donc autant une vitrine touristique qu’un outil diplomatique, trente ans après le génocide des Tutsis.
Le cyclisme en retard
L’UCI espère aussi donner un coup d’accélérateur au cyclisme africain, où seuls quelques athlètes émergent au plus haut niveau. L’Érythréen Biniam Girmay, triple vainqueur d’étape sur le Tour de France, en est le symbole. Mais beaucoup d’autres peinent à franchir le cap, freinés par des coûts élevés et un manque de structures. « Le cyclisme reste en retard par rapport au football ou à l’athlétisme. J’espère que ces Mondiaux auront un impact sur les jeunes», explique Girmay, tout en redoutant un parcours d’une difficulté extrême. Avec ses côtes abruptes, dont le célèbre “mur de Kigali”, l’épreuve pourrait poser problème aux coureurs locaux.
Sur le plan géopolitique, la tenue de ces Mondiaux n’était pas acquise. Au printemps 2025, des rumeurs de transfert en Suisse avaient circulé en raison du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo, où le groupe armé M23, soutenu par Kigali, menait une offensive. Un accord de paix signé fin juin à Washington a dissipé les craintes. L’organisation de ces Mondiaux témoigne donc d’une volonté d’ouverture et de stabilité politique affichée par le président Paul Kagamé, au pouvoir depuis 2000. Pour l’UCI comme pour Kigali, le succès populaire et l’impact économique de l’événement constitueront un test grandeur nature. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club – Septembre 2025