Distribution. C’est le phénomène du marché du cycle. En quelques années, le gravel, ce vélo mi-route mi-chemin, s’est taillé une place majeure dans l’univers du deux-roues. « Il est encore tôt pour donner des chiffres sur 2025, mais nous sommes sur une croissance de 5 à 7% », a indiqué Bérangère Blanc, responsable marketing de Scott France, lors d’une conférence organisée dans le cadre du Roc d’Azur (Var) vendredi 10 octobre 2025.
Le succès de ce vélo tient sans doute à sa polyvalence : il sert autant pour aller au travail que pour “se tirer la bourre” entre amis ou une escapade décontractée sur les chemins. De quoi concurrencer le VTT, plus spécialisé. « Les années 2025 ou 2026 devraient être le point de croisement entre les pratiquants réguliers de gravel et ceux du VTT », estime Rodolphe Beyer, directeur marketing de Canyon France. Quand la pratique du gravel grimpe de 45%, celle du VTT recule de 0,9%.
Les adeptes du gravel, quadragénaires pour la plupart, vivant en couple, recherchent nature, partage et simplicité. « Contrairement au VTT, le gravel emprunte des chemins moins techniques et plus accessibles aux débutants », ajoute Bérangère Blanc. Ainsi, les régions les plus dynamiques sont la Normandie et la Nouvelle-Aquitaine, loin des reliefs alpins.
La Fédération ne veut pas rester au bord du chemin
Grâce à son aspect “couteau suisse”, le gravel vient se substituer à plusieurs modèles. « Le haut de gamme et l’entrée de gamme se vendent bien, mais le milieu, celui des VTT à environ 2500 euros, a disparu,» observe la responsable de Scott. Ce segment est désormais occupé par les VTT électriques, la seconde main… et le gravel. Les marques, qui y voient dans le gravel un relais de croissance, misent sur deux leviers : les ambassadeurs engagés sur les grandes courses et le storytelling. « On retrouve beaucoup d’histoires de gravel dans les festivals de films d’aventure », souligne Rodolphe Beyer.
Les institutions, elles aussi, veulent accompagner le mouvement. « Les pratiquants de gravel sont de futurs licenciés », avance Tristan Horreaux, directeur marketing de la Fédération française de cyclisme (FFC). Sur 110 000 adhérents, seuls 400 détiennent une licence gravel, soit 0,36 %. « Mais beaucoup de licenciés route ou VTT en font déjà en deuxième pratique », note-t-il. Fin septembre, la FFC a organisé, avec succès, à Châtellerault (Vienne) les premiers championnats de France de gravel. L’objectif est désormais de promouvoir la discipline via les athlètes de l’équipe de France, en vue des Super Mondiaux de 2027 en Haute-Savoie.
Killian Tanguy, envoyé spécial au Roc d’Azur, à Fréjus (Var)
© SportBusiness.Club – Octobre 2025
